Port du masque en crèche : l’impact sur le développement des enfants

Depuis le début de la Covid 19 en 2020, le port du masque s’est généralisé dans toute la France et dans le monde entier. Étant considéré comme l’une des premières barrières au virus, les masques sont sur absolument tous les visages. Ils protègent les grands comme les petits.

Néanmoins, ces masques nous privent d’une grande partie de notre visage et de ceux de nos interlocuteurs, nos amis, nos collègues. Ce problème est présent pour les adultes, mais également pour les enfants. Ceux-ci sont habitués à analyser nos visages, nos expressions et à user du mimétisme.

Les masques compliquent et compromettent tout l’aspect de la communication non-verbale.

En effet, le sentiment de sécurité, l’apprentissage du langage ou de la sociabilité sont très limités. Ainsi, quels sont les effets sur le port du masque sur les jeunes enfants dans les structures d’accueil collectif ?

Le port du masque : des troubles à l’apprentissage et au développement ?

Les professionnels de la petite enfance estiment déjà que les interactions verbales des tout-petits sont plus faibles qu’auparavant. En effet, ils peuvent avoir du mal à déterminer quel adulte leur parle en raison de leur bouche cachée. Les enfants ont besoin de regarder la bouche de l’adulte pour apprendre le langage. C’est cela que l’on appelle le mimétisme et c’est ce qu’empêche les masques. Les interactions des tout-petits avec les adultes sont nécessaires à la construction de l’architecture de son cerveau. En effet, c’est dans ces interactions que l’enfant grandit et s’épanouit.
En conséquence, il est conseiller aux parents d’augmenter les temps d’échange avec leur enfant après la crèche.

En plus du langage, le masque causerait également des troubles sur le développement de l’empathie et l’apprentissage des émotions. Les plus jeunes ont l’habitude de répondre aux mimiques et aux sourires lorsqu’ils observent le visage des adultes autour d’eux.

Au vu d’un nombre d’heures trop important en face de personnes masquées, un déficit est confirmé par les spécialistes.

Ce déficit est à prendre en compte et des mesures sont en train d’être réfléchis afin de le récupérer par la suite.

Qu’en pensent les neurosciences ?

Il y a un peu plus d’un an, une étude a été réalisée auprès de professionnels de la petite enfance. Selon les résultats, les enfants ont tendance à être plus anxieux et à pleurer davantage. De plus, ils essayent souvent de retirer le masque aux adultes, ou au contraire, à prendre peur face à un visage non-masqué. Ce qu’on appelle le « sourire-réponse » met plus de temps à arriver et traduit ainsi un manque de confiance et de sécurité dans l’environnement des petits. Plus un enfant est jeune, plus il est sensible au stress. Or, le stress est très nocif pour le cerveau du petit. De nos jours, les enfants paraissent plus sujets aux troubles de la concentration, aux crises de colère, à l’anxiété ou à l’agressivité.

Cependant, il est estimé que nous ne connaîtrons les réelles répercutions de cette crise dans 20 ans seulement.

Des professionnels en difficultés qui s’adaptent

Malgré le port du masque, les enfants progressent. Néanmoins, chaque entrave à leur développement est un obstacle.
Les mesures sanitaires qui concernent les tout-petits ne semblent pas prendre en compte le « rapport des 1 000 premiers jours ». En effet, selon les spécialistes, les mille premiers jours de la vie d’un enfant sont ceux ou tout commence. Cela veut dire qu’ils sont essentiels pour son développement mais également pour la santé globale de l’adulte qu’il deviendra.

Les bébés ont avant tout besoin d’une proximité physique avec leur entourage ainsi qu’avec les professionnels de crèche qui s’occupent deux pendant la journée.

Les professionnels de la petite enfance s’adaptent en changeant leur méthode et en surjouant beaucoup. Ils sont amenés à articuler beaucoup plus lors des échanges, à utiliser des signes non-verbaux comme les yeux et les mains. Les comptines sont chantées un peu plus forts par exemple.

Quelles solutions ?

Des études ont commencé à être menées car les enfants rient moins et sont parfois en retard sur leur développement. Même si la vue d’un visage est nécessaire au développement harmonieux de l’enfant, ce retard pourra être rattrapé par la suite.

En France, conscient de cette problématique, le gouvernement a également mis en place une distribution de masques transparents pour les professionnels de crèches. Ces masques permettent aux enfants de voir les lèvres des adultes bouger et cela aide à leur développement personnel.
Cette solution est souvent jugée par les professionnels très complexe à mettre en place. En effet, les masques se remplissent rapidement de buée…

Le modèle norvégien

En Norvège, c’est l’ensemble des manières de travailler qui a été revue afin de limiter le port du masque. Un nombre plus important de salariés ont été mobilisés (un adulte pour un groupe de quatre enfants en crèche). Les adultes ne portent pas de masque. Ils ne mangent pas entre eux afin d’éviter les contaminations et conserve deux mètres de distance entre professionnel. Ce système permet de limiter les risques tout en gardant une relation plus naturelle avec les enfants.

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